jeudi 8 juillet 2010

Democratic Governance for a Globalised World


Dans leur article " Democratic Governance for a Globalized World ", les professeurs Eichenberger et Frey firent le constat que les structures fixes de notre démocratie étaient incompatibles avec la globalisation et sa dynamique. Afin de pallier à ce problème, ils élaborèrent trois propositions qui, selon eux, résoudraient ce problème en rendant nos démocraties plus flexibles.

La première proposition "élargit le concept de citoyenneté aux institutions non-étatiques". Un individu pourrait ainsi avoir la citoyenneté d'une organisation non-gouvernementale comme la Croix Rouge. La vertu civique de l'individu se verrait ainsi renforcée. La deuxième proposition vise la flexibilité des institutions politiques par un système dénommé Functional Overlapping Competing Jurisdictions (FOCJ). Le principe est le suivant: au lieu de définir les tâches de l'état (protection, éducation, santé...) par zone géographique, ces tâches seraient réparties par unités fonctionnelles, avec des délimitations géographiques changeantes. Elles seraient en compétition, pourraient se superposer et ainsi résoudraient le problème d'externalité et de biens publics. (Pour en découvrir plus sur ces propositions, voir l'article mentionné ci-dessus.)

La troisième proposition qui attire ici toute mon attention est une dérégulation du métier de politicien. Les auteurs proposent en effet que la fonction de politicien soit ouverte aux étrangers, résidents ou non, qu'elle soit rémunérée selon un processus de marché et que les organisations et non plus seulement les individus puissent se porter candidates. Par exemple, un Valaisan pourrait se porter candidat à Genève puis partir pour Zurich là où il aurait été engagé pour un salaire plus élevé. Les auteurs prétendent que cette dérégulation aura pour effet d'augmenter le nombre de candidats et donc via un processus de concurrence d'améliorer leur qualité. De plus, si des organisations se portent candidates dans plusieurs villes, elles auront l'obligation de s'en tenir à leurs promesses puisqu'une mauvaise publicité aura des effets sur toutes ses campagnes. Elles devront donc développer une réputation internationale. En outre, selon une recherche empirique, l'augmentation du revenu explicite des politiciens cannibalise leur revenu implicite et donc on pourrait observer une réduction de la corruption. On pourrait également craindre une fuite des cerveaux vers les pays riches puisque les rémunérations y seront les plus élevées. Pourtant, les politiciens auront au contraire intérêt à se rendre dans les pays pauvres, là où il y a souvent beaucoup plus à faire et de nombreuses opportunités accroissant de ce fait leur réputation.

Ces avantages apparents ont cependant rencontré de nombreuses oppositions de notre côté. Voici une liste non-exhaustive des problèmes que nous avons soulevés:
  • mauvaises incitations pour les politiciens de fusionner des communes pour obtenir plus de moyens
  • polarisation de la politique comme en Suisse où les régions périphériques pourraient être lésées
  • Incitation des politiciens à appliquer des politiques populaires de court terme en omettant le bien-être à long terme
  • Effet de cannibalisation de la rémunération des politiciens qui saperaient la motivation intrinsèque et donc l'esprit civique (vous noterez que ce point contredit ce qui est prétendu par les auteurs)

La discussion-débat aura lieu tout à l'heure. Cette troisième proposition est celle qui nous a le plus partagés puisque 10 personnes l'approuvèrent alors que .... 10 la réfutèrent ! Et vous ?
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Eichenberger, Reiner and Bruno S.Frey (2002). Democratic Governance for a Globalised World. Kyklos 55: 265-287 (2002).

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